Les dragons ont toujours été une légende, du folklore : maintenant, on dit qu'un d'entre eux a attaqué la forteresse d'Helgen.. Y croyez-vous ?
Oh que oui ! Les dragons font partie du folklore et ils n'ont plus été vus depuis des années mais Ervoan est persuadé qu'ils existent bel et bien. Leur retour ne peut pas n'être qu'une fable. En tant que Vigile de Stendarr, il ne tardera pas à aller visiter Helgen pour voir les dégâts de ses propres yeux. Certains de ses compères y sont déjà allés et sont revenus en relatant des récits de désolation et de paysages de cendres encore fumantes. Nul doute que les dragons planent au-dessus de leur tête ... | La mort du haut-roi des mains du chef des rebelles, le siège de Fortdhiver sont deux actions qui ont fait éclaté la guerre civile, longtemps larvée entre Impériaux et Sombrages : comptez vous vous engager d'un côté ou de l'autre ?
Même s'il est nordique de coeur et d'esprit, même s'il prie Talos, Ervoan ne prendra pas part à ce conflit à titre personnel. Les méthodes employées par Ulfric et ses sombrages ne l'enchantent pas le moins du monde. Il le trouve trop extrême, trop impulsif. De plus, Ervoan préfère poursuivre sa quête de Vigile en ayant l'esprit libéré d'un parti-pris politique. Ce qu'il veut, c'est sauver le plus de monde possible et protéger un maximum de bonnes gens des êtres malveillants.
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Raconte-moi ton histoire... Une fois de plus. Ça lui était tombé dessus à nouveau mais cette fois, c’était plus douloureux. Ça l’était parce que ça venait d’elle. Sa seule véritable amie, la seule qui comptait. Alwena lui avait posé la fameuse question, celle qui piquait, celle qui le faisait bouder. Où était son père ? Ervoan ne la supportait plus, cette question. Elle revenait sans cesse. De la part des autres enfants comme parfois, de la part des adultes. A chaque fois, son visage exprimait sa colère et le gamin recrachait la réponse de sa mère. Parti accomplir sa mission de vigile de Stendarr.
Souvent, cela ne leur suffisait pas. Alors, ils creusaient. Ils demandaient où il se trouvait exactement, quelle était sa mission du moment. Et là, Ervoan piquait une colère. Parce qu’il détestait parler de son père. Parce qu’il avait du mal à retrouver les traits de son visage dans sa mémoire, le son de sa voix ou la couleur de ses yeux. Pour toutes ces raisons, Ervoan ne supportait plus cette question. Et aujourd’hui, malheureusement, c’était sur Alwena que c’était tombé. Depuis leur dispute à ce sujet, ils ne s’étaient plus parlé. D’ordinaire, pour n’importe quelle autre raison, ils se seraient reparlés. Mais là, Ervoan était furieux. Si furieux qu’il ne lui parlerait pas le lendemain non plus. Peut-être le surlendemain. Deux jours, c’était probablement suffisant pour panser l’absence douloureuse d’un père disparu.
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Dès qu’elle quittait la mère, elle rejoignait le fils. Alwena avait pour préceptrice, la mère d’Ervoan. A chaque fin de leçon, la jeune fille s’éclipsait tout sourire et partait rejoindre son ami. A peine la dizaine écoulée et déjà, ils s’amusaient à braver les interdits. Ervoan adorait emmener Alwena dans ses bêtises. Et autant dire qu’elle aussi, appréciait outrepasser les ordres de ses parents. Depuis peu, la pré-adolescente s’était mise en tête d’apprendre à manier une arme. De noble famille, ses parents préféraient amplement la voir coudre, peindre, chanter ou se brosser les cheveux. La belle appréciait faire tout cela mais elle appréciait aussi combattre à la lame et sauter dans les flaques de boue.
Ervoan l’attendait souvent à la sortie de la ville, assez proche pour pouvoir y courir s’y réfugier en cas d’attaque de créature mais assez loin pour ne pas être vu de tous. Alwena et lui s’entraînaient alors avec des épées de bois. Ervoan avait appris à s’en servir car à chaque fois que son père rentrait à Markarth pour le voir, il lui donnait une démonstration de ses talents d’épéiste. Le gamin était impressionné, aspirant à pouvoir se battre comme ça aussi quand il serait grand. Son paternel lui apprenait donc quelques coups basiques. Au grand désespoir de sa mère qui espérait que le garçonnet étudierait plus, passerait plus de temps dans les bouquins et moins dehors à s’entraîner aux armes. Elle, la préceptrice, aurait aimé que son enfant suive ses traces.
Le métier de précepteur, selon elle, lui ouvrirait de très grandes portes. En effet, distiller ses connaissances auprès des plus jeunes des nobles familles lui permettait de côtoyer des gens riches et influents. Elle-même, en côtoyait déjà pas mal. C’était grâce à elle qu’Ervoan avait rencontré une fille de la haute société comme Alwena. Malgré tout, le jeune garçon ne s’imaginait pas un seul instant devenir percepteur. Pour épargner les sentiments de sa mère, il le lui cachait mais d’autres plans se formaient dans son esprit. Des plans qui ne plairaient pas du tout à sa mère ...
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Son attachement à Alwena était devenu plus que ça. Son amitié s’était transformée en autre chose. Quelque chose de fort, quelque chose qui lui donnait le sourire et qui le rendait triste aussi vite. Ervoan et Alwena devinrent des adolescents. Bousculés par des sentiments puissants et par la force d’une idylle secrète dont personne ne pouvait avoir connaissance, ils succombèrent. Plus que jamais, ils passaient beaucoup de temps ensemble. Ervoan ne se sentait bien qu’en la présence d’Alwena et ils profitaient de chaque instant de tranquillité pour échapper à leurs obligations et se retrouver.
Ça leur tomba dessus sans prévenir. Cela faisait plusieurs jours qu’Alwena était malade, qu’elle ne se sentait pas en forme et qu’Ervoan la voyait plus pâle, plus faible qu’à l’ordinaire. La jeune fille avait toujours eu une bonne santé, étant plutôt du genre à jouer dehors et à affronter le froid plutôt qu’à grelotter sous trois couches de couvertures de laine. Et puis, plus les jours passaient, plus elle changeait. Certaines odeurs lui devenaient insupportables, la fatigue la gagnait bien plus vite et même lorsqu’ils étaient ensemble, il lui arrivait de s’endormir dans les bras d’Ervoan sans prévenir.
Alwena était enceinte. Sa famille l’apprit très vite et dès lors, ses parents prirent la décision de la cacher. Il fallait lui éviter d’être vue dans cet état, il fallait préserver sa dignité. Alors, sans qu’elle ait le temps de dire au revoir à Ervoan, Alwena fut expédiée. Où ? Le jeune homme ne le sut jamais. Souvent, il l’imagina dans une petite maison, dissimulée aux yeux de tous le temps de la grossesse. Malheureusement, son absence dura bien plus longtemps que le temps d’une grossesse. En vérité, Ervoan ne la revit plus jamais après ce départ.
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Dans sa bienveillance, Alwena avait sans doute dû refuser de divulguer le nom du père de son enfant. Ervoan le déduisit car personne ne vint le blâmer, les parents de la jeune fille continuèrent à se comporter comme avant avec lui. Pourtant, il avait plus de mal que jamais à poursuivre son quotidien. Le jeune homme décida qu’il était temps de partir. Sa mère fut éplorée quand il lui révéla que, à l’instar de son père, Ervoan rejoindrait les vigiles de Stendarr. Ervoan rassembla ses quelques affaires et abandonna Markarth, laissant sa mère seule derrière lui.
Il fut accueilli par les vigiles avec bienveillance. Beaucoup d’entre eux connaissaient son père, un homme qui avait su survivre par-delà les années. En effet, les vigiles de Stendarr n’avaient pas tous le luxe de vivre assez longtemps pour voir grandir leurs enfants. Leur combat au quotidien contre les forces obscures faisait d’eux des cibles faciles pour la Mort.
Cependant, Ervoan fut très vite confronté à une réalité. Réalité à laquelle il ne s’attendait pas. Les vigiles de Stendarr étaient certes motivés par de belles intentions mais certains, trop endoctrinés, en devenaient impulsifs voire dangereux. Ervoan vit plusieurs de ses camarades attaquer à vue des individus n’entrant pas dans leurs critères. Cela le laissa perplexe. Vigile de Stendarr oui mais conscient de la valeur de la vie aussi.
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Elle aurait dû mourir. Les autres l’auraient tuée. D’ailleurs, ils s’apprêtaient à le faire. Au sol, désarmée, à bout de forces, elle n’attendait que le coup fatal. Ervoan avait vu son ami lever son épée et soudain ... un bruit au-dehors. Une attaque surprise de Parjures. Sur une impulsion, Ervoan se proposa d’achever le travail, seul. Ses deux confrères acceptèrent et quittèrent les lieux, arme au poing, prêts à répandre encore plus de sang au-dehors.
Ervoan resta seul avec elle. Sans doute croyait-elle qu’il allait la tuer. Au début, lui aussi le crut. Pourtant, en l’attrapant par le cou et en levant sa lame, il plongea le regard dans les yeux de la jeune femme. Il n’y vit pas le mal incarné, il ne vit pas la sorcière que les autres voyaient. Incapable d’achever la besogne, Ervoan la lâcha et lui ordonna de se cacher dans une malle. Sa lame pourfendit un lapin qui n’attendait que de finir à la broche, parqué dans une cage. Et quand Ervoan revint auprès des siens, son épée dégoulinant d’un liquide rouge, personne ne lui demanda s’il s’agissait du sang de la sorcière. Car dans leur esprit, il n’aurait pu en être autrement. Et pourtant ...