❖ Date du rp Clairciel, deuxième jour (février) 201. ❖ Partenaire@Arawn Valtieri ❖ Climat, météo, saison, heure Fin d'après-midi au cœur de l'hiver. Lumière déclinante. Vent frais qui apporte la pluie. Entrée de la ville, juste devant les portes qui se sont refermées derrière elle.
Festering wounds are the hardest to heal
Les premières ombres du crépuscule naissant se couchaient sur Markarth lorsqu'elle pénétra dans son enceinte. Elle s'attendait à trouver une ville glissant vers la douce léthargie des longues soirées d'hiver sous son épais plafond de nuages annonciateurs de pluie. Mais l'averse imminente n'avait su retrancher la cité dans ses entrailles rocheuses. Elle venait à peine d’en essuyer une autre, mais d’un tout autre genre. Les canaux et ridules formés par ses pavés inégaux en charriaient les restes ; mille rivières vermeilles à l’éclat inaltéré par la lumière déclinante s’écoulaient avec paresse pour se mêler à la rivière en contrebas. Leur écoulement hypnotisa un instant la guérisseuse, effaça le sourire qui habituellement agrémentait son visage et noya dans le chagrin et l’horreur, l’excitation qui l’avait animée tout le jour à l’idée de revoir Arawn. Elle ne pensa plus à l’étreinte puissante qu’elle lui aurait imposée, ni même aux premiers mots qu'ils auraient échangés une fois taris les rires de sa joie immense. La même meurtrissure touchait désormais le cœur de la guérisseuse et celui de la ville. Il ne lui en fallut pas plus pour reprendre rapidement ses esprits, car Yvara n'était pas de ceux à laisser la souffrance s'épanouir et prospérer.
Dans la cour, nobles et mendiants, prêtres et commerçants s’affairaient au transport des corps gisant sans vie sur les pierres ensanglantées, les alignant soigneusement les uns à côtés des autres, auprès de ceux tombés devant les portes de la ville. D’autres s’étaient attelés aux premières réparations des demeures, dont les portes et fenêtres avaient été arrachées. Intérieur et extérieur se mêlaient en une seule formidable tempête ; les ordres aboyés des uns trouvaient leur écho dans les raclements terribles de tout un mobilier que l’on remettait en place. Mais Yvara elle, errait tel un fantôme au milieu du grabuge à la recherche des autres victimes de la nuit précédente, celles que la mort n’avait pas encore fauchées. « Garde ! Garde !» cria-t-elle en s’élançant pour interpeler le premier d’entre eux qui serait disposé à cesser ses allées et venues pour l'écouter. « Pardonnez-moi. Sauriez-vous si un hôpital pour les blessés a été aménagé quelque part ? Voyez-vous, je suis guérisseuse. » Le masque inexpressif qui la remercia fut également incapable de la renseigner, et il reprit son occupation aussi vite qu’il l’avait arrêtée. Personne autour ne put l’orienter, et elle s’en retourna aux portes de la ville, résolue à se rendre à l’auberge y retirer quelques informations.
Sans crier gare, une goutte sur sa joue lui fit lever les yeux. Ses gestes suspendus, elle s’arrêta un instant pour accueillir sur ses joues rosies les larmes d’un ciel témoin du pire. L’espace d’un instant, la douceur éthérée de son voyage lui revint en mémoire et elle se souvint de son père. Où donc était-il dans toute cette agitation ? Devait-elle douter qu’il ne lui fût rien arrivé ? Devait-elle s'alarmer de ne pas l'avoir trouvé aussitôt entrée dans la ville ? Une alarme encore sourde envahit les ventricules de son cœur affolé, et elle s’élança dans la rue principale, arrêtant les passants agacés en demandant s’ils avaient aperçu quelque part dans la mêlée ou dans la journée, un homme à la chevelure brune et au regard sévère, à l’armure de cuir sombre et un aigle à ses côtés.
« Yvara. » Tous les bruits s’abolirent lorsque le prénom vibra à travers eux, ravalés immédiatement au néant de leur insignifiance. Il ne lui fallut qu’un clignement éberlué des yeux pour reconnaître l’éclat vif et alerte des prunelles aussi claires qu’une eau endormie qui la fixaient chargées d'une infinie tendresse. Le temps arrêta momentanément son cours pour la laisser savourer la magie imperceptible qui transita de l’un à l’autre, dans cet entrelacement si doux de leurs deux existences. De toute façon, jamais de mémoire d’homme n’avait-il su conquérir le visage d’Arawn pour y imposer les marques de son passage. Son port droit et fier ne s’était pas aboli, et il la dominait toujours de toute sa hauteur pour la draper dans son halo protecteur. « Arawn… père… » soupira-t-elle. Forte de la quiétude nouvelle qui s’était installée, Yvara s’aventura à prononcer ce mot si étrange, si curieux mais qu’il aurait été pourtant si bon de rendre normal. Père. C’était risquer qu’il n’alla chercher refuge entre les murs imprenables de sa forteresse intérieure, pour échapper à l’assaut des émotions qu’elle manifestait peut-être trop intensément. Elle voulut prévenir ce qu’elle redoutait mais ses paroles s’empêtrèrent aussitôt qu’elle voulut poursuivre, comme si tous les mots qu’elle avait à lui dire voulaient sortir en même temps, sans égard pour leur intelligibilité. Ils provoquèrent un rire chez Yvara, dont le tintement cristallin se mêla à la pluie pour briser le charme ténu qui les unissait. Au milieu des visages clos et des murmures graves, il vint conjurer la fatigue, le froid, la tristesse et les longues années d’absence immiscées entre eux, entremêlées en une pelote inextricable de sentiments sinistres. Elle ne put que céder au besoin urgent de l’étreindre jusqu’à l’épuisement, et se jetant contre lui, elle glissa ses bras tremblants sous les siens pour en recueillir toute la chaleur paternelle.
Sa tête reposait contre la poitrine d’Arawn, dont les soulèvements réguliers la calmèrent en un instant. Son cœur adopta un rythme plus lent encore que celui qui battait près de son oreille, et elle desserra l’étau dont elle retenait son père prisonnier. « Pardonne moi. J’étais morte d’inquiétude. Quand je suis arrivée, j’ai vu les corps, tu n’étais pas là… » dit-elle. « Que s’est-il passé ici ? Et toi ? Tu n’as rien ? » Et, sans plus de cérémonie, Yvara empoigna le guerrier par les épaules et l’inspecta de pied en cape. Ce premier examen ne lui révéla aucune blessure récente et elle s'apaisa, bien qu'elle se doutât ne pouvoir s'en remettre à sa parole. Yvara savait parfaitement ce qu’il allait répondre : il prétendrait que tout allait bien, pour ne pas alimenter davantage l’inquiétude qui la rongeait, et elle-même ferait semblant de le croire, pour ne revenir que plus tard à l’assaut de l’homme taciturne. Pour l'heure, elle renonça à extorquer de lui le récit de ses faits et gestes de la veille car Arawn ne les raconterait que s'il en éprouvait le désir. Elle n'était même pas sûre qu'il lui raconterait sa vie ici, au cœur de la montagne sculptée en une cité.
Yvara jeta un regard circulaire autour d'elle, constatant que la pluie n'avait pas mis fin au bal nerveux des gardes et des habitants. La dure réalité du monde la rattrapa, et c'est ainsi que rappelée à ses manières et surtout, à son devoir, la guérisseuse reprit l’ascendant sur l’enfant candide que ces retrouvailles avaient envahi d'allégresse. « Sais-tu s'il y a des blessés ? Je peux peut-être aider. » fit-elle en se saisissant de sa main. Les circonstances n'étaient certes pas celles que son imagination volatile s'était figurées, mais quand bien même, elle ne livrerait pas sans un dernier combat, les habitants de Markarth à la mort.
L’invocation macabre laissa Yvara plus statufiée que les pierres déliquescentes de la cité abreuvée d’eau et de sang. Ce n’était pas là quelque chose que le loisir ou le hasard amenaient à formuler impunément, sans ménager du moins le même silence qui précède au tonnerre et frappe les épidermes d’un violent frisson chargé d’effroi. « Non ce... ce n'est pas possible ! » s’écria-t-elle lorsque la vague électrifiée eût fini de parcourir sa peau transie. Mais le mouvement de déni de ses cervicales ne parvint pas à conjurer le spectacle sanglant d’où émanaient encore les effluves putrides des cadavres abandonnés mêlées aux relents de chairs calcinées écarter toute possibilité de réveil. « Jamais les vampires ne sortent comme ça... en meute ! » Pourtant les preuves étaient là encore chaudes. Les robes écarlates ornementées d'argent avaient étreint l'obscurité et fondu sur le dolmen où reposaient les proies endormies de leur festin de sang. Un prêtre de Kynareth aux visages striés de larmes cristallines bien plus que de gouttes de pluie, menait le cortège qui conduisait les dépouilles vers leur dernière demeure, sous les lourds sanglots de leurs veuves fraîches. « Par les Dieux, » soupira-t-elle en portant une main tremblante à son cou, là sous l'épais châle de laine, respirait avec elle son amulette de Mara. Les médaillons entrelacés dans sa main droite et celle d'Arawn mêlée à sa gauche, Yvara se laissa envahir par la bénédiction qui lui était accordée. Une fois encore, la Déesse avait honoré son allégeance sincère, et avait veillé sur sa seule famille. Sur Arawn, dont le visage était plus fermé encore que la coquille d’un bernacle. En détaillant ces traits tirés par la lassitude, elle s’inquiéta de ce que sa peau était aussi blafarde et cireuse, semblable à ces lunes fantomatiques qui hantaient les nuits privées d’étoiles.
Ses doigts rugueux et forts se dérobèrent aux mains délicates qui s’en étaient saisies, brûlés à vif par leur caresse aimante. Pourtant, le ciel tout à son deuil liquide en avait drainé le sang jusqu’à la dernière goutte, les laissant gourdes et froides sous la chute calme de ses larmes glacées. Son cœur se serra. Quelque chose le hantait lui que toute à son élan, elle n’avait pas su voir et que lui révélait sa fuite presque inconsciente. Un tourment, un cauchemar né de la veille l’avait laissé si exsangue et si las, que pas même sa présence entre les murs de Markarth n’avait pu l’en soulager. Etait-ce pour cette raison qu'il avait rabattu son capuchon au-dessus de sa tête ? Non pas tant pour la protéger de l'averse, mais pour se dissimuler au faisceau inquisiteur de ses yeux plissés d'inquiétude ? Yvara s'en voulait de n'avoir rien trouvé, de n'avoir jamais découvert par quel pouvoir elle aurait été à même de lui apporter le moindre soulagement, si ce n'était faire taire les élancements de sa confiance mille fois ébranlée. « Tu dois être gelé, » se résolut-elle à dire pour ne pas le faire fuir davantage. « Conduis moi à tes hommes, je verrai ce que je peux faire pour les aider. Mais après, nous devrons parler. » Un regard vint appuyer sa promesse. Il n’y dérogerait pas. Même si des pirouettes ou le silence étaient seuls à lui répondre, au moins aura-t-elle pu se soulager de toutes ces interrogations qui s’agitaient dans sa tête comme une nuée d’oiseaux.
Côte à côte, ils remontèrent la rue qui menait au creux de la montagne où se dessinaient dans l'obscurité de nouveaux bâtiments sur de multiples étages. Les habituels complaintes grommelées à mi-voix par son père ponctuèrent leur parcours (au moins une chose qui n'avait pas changée), tandis qu'autour d'eux l'activité grouillante faiblissait, les besognes achevées et la nuit bientôt installée. Quelques adeptes des arcanes faisaient luire doucement sur leur passage des orbes aux reflets bleues pour remplacer les torches rendues inutilisables par l'averse. « Sais-tu si beaucoup ont été contaminés ? » finit-elle par demander. Si elle n'avait jamais été confrontée à des cas de vampirisme, quelques ouvrages à l'Académie lui avaient offert la possibilité d'en connaître les étapes. « L'Hémophilie Porphyrique met environ trois jours pour achever sa transformation. Mais il faut traiter tout de suite. » Elle s'arrêta brusquement et le retint également par le bras. Frappée. « Tu... tu es contaminé ? »
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Arawn Valtieri
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Sujet: Re: YVARAWN #1 ☾ crimson rivers Jeu 3 Mai - 22:54
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Sujet: Re: YVARAWN #1 ☾ crimson rivers
YVARAWN #1 ☾ crimson rivers
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