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Sujet: YVARAWN #1 ☾ crimson rivers Dim 22 Avr - 17:40
Crimson rivers


Date du rp Clairciel, deuxième jour (février) 201.
Partenaire @Arawn Valtieri
Climat, météo, saison, heure Fin d'après-midi au cœur de l'hiver. Lumière déclinante. Vent frais qui apporte la pluie. Entrée de la ville, juste devant les portes qui se sont refermées derrière elle.




Festering wounds are the hardest to heal

Les premières ombres du crépuscule naissant se couchaient sur Markarth lorsqu'elle pénétra dans son enceinte. Elle s'attendait à trouver une ville glissant vers la douce léthargie des longues soirées d'hiver sous son épais plafond de nuages annonciateurs de pluie. Mais l'averse imminente n'avait su retrancher la cité dans ses entrailles rocheuses. Elle venait à peine d’en essuyer une autre, mais d’un tout autre genre. Les canaux et ridules formés par ses pavés inégaux en charriaient les restes ; mille rivières vermeilles à l’éclat inaltéré par la lumière déclinante s’écoulaient avec paresse pour se mêler à la rivière en contrebas. Leur écoulement hypnotisa un instant la guérisseuse, effaça le sourire qui habituellement agrémentait son visage et noya dans le chagrin et l’horreur, l’excitation qui l’avait animée tout le jour à l’idée de revoir Arawn. Elle ne pensa plus à l’étreinte puissante qu’elle lui aurait imposée, ni même aux premiers mots qu'ils auraient échangés une fois taris les rires de sa joie immense. La même meurtrissure touchait désormais le cœur de la guérisseuse et celui de la ville. Il ne lui en fallut pas plus pour reprendre rapidement ses esprits, car Yvara n'était pas de ceux à laisser la souffrance s'épanouir et prospérer.

Dans la cour, nobles et mendiants, prêtres et commerçants s’affairaient au transport des corps gisant sans vie sur les pierres ensanglantées, les alignant soigneusement les uns à côtés des autres, auprès de ceux tombés devant les portes de la ville. D’autres s’étaient attelés aux premières réparations des demeures, dont les portes et fenêtres avaient été arrachées. Intérieur et extérieur se mêlaient en une seule formidable tempête ; les ordres aboyés des uns trouvaient leur écho dans les raclements terribles de tout un mobilier que l’on remettait en place. Mais Yvara elle, errait tel un fantôme au milieu du grabuge à la recherche des autres victimes de la nuit précédente, celles que la mort n’avait pas encore fauchées. « Garde ! Garde !» cria-t-elle en s’élançant pour interpeler le premier d’entre eux qui serait disposé à cesser ses allées et venues pour l'écouter. « Pardonnez-moi. Sauriez-vous si un hôpital pour les blessés a été aménagé quelque part ? Voyez-vous, je suis guérisseuse. » Le masque inexpressif qui la remercia fut également incapable de la renseigner, et il reprit son occupation aussi vite qu’il l’avait arrêtée. Personne autour ne put l’orienter, et elle s’en retourna aux portes de la ville, résolue à se rendre à l’auberge y retirer quelques informations.

Sans crier gare, une goutte sur sa joue lui fit lever les yeux. Ses gestes suspendus, elle s’arrêta un instant pour accueillir sur ses joues rosies les larmes d’un ciel témoin du pire. L’espace d’un instant, la douceur éthérée de son voyage lui revint en mémoire et elle se souvint de son père. Où donc était-il dans toute cette agitation ? Devait-elle douter qu’il ne lui fût rien arrivé ? Devait-elle s'alarmer de ne pas l'avoir trouvé aussitôt entrée dans la ville ?
Une alarme encore sourde envahit les ventricules de son cœur affolé, et elle s’élança dans la rue principale, arrêtant les passants agacés en demandant s’ils avaient aperçu quelque part dans la mêlée ou dans la journée, un homme à la chevelure brune et au regard sévère, à l’armure de cuir sombre et un aigle à ses côtés.

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Sujet: Re: YVARAWN #1 ☾ crimson rivers Dim 22 Avr - 19:42

CRIMSON RIVERS
“Ah, the familiar scent of death…” — Arawn, 4E201.

Des heures à rester là, à le veiller, pour lui qui avait eu la malchance de finir une dague dans le flanc…
Des lèvres qui ne se descellent qu’à de rares occasions, où il croit bon de faire taire ses plaintes sous une vague d’injures. Arawn n’était pas de ceux à plaindre, pourtant, si on s’en fiait aux dégâts transcriptibles, ceux que l’on apercevait d’un seul coup d’œil — comme ceux dont jouissait Berich, allongé là. De ceux qui le connaissaient un tant soit peu auraient toutefois soulevé la nuance dans ses billes claires, non moins voilées. Moyennant d’avoir eu le privilège de croiser ce regard qu’il s’évertue à dérober loin de tout visage. Ciri est partie redécouvrir les cieux à l’extérieur et compte bien la rejoindre pour prendre l’air — car cela fait maintenant des heures qu’il est là surveiller le bougre. Et parce qu’il y a bien une éclaircie dans toute cette noirceur, et elle allait certainement passer les portes de Markarth d’ici peu… si ce n’était pas déjà le cas.

Il y a bien des voix, ces voleurs qui bavardent çà et là dans les profondeurs des ruines, quand un battement d’ailes se fait entendre. Un oiseau qui trace son chemin au niveau des plafonds avant de redescendre peu à peu, progressant dans leur direction.

Arawn a levé le nez vers l’un des membres de la guilde - une nouvelle recrue -, qui était encadré par deux autres, les bras croisés. Il lui faut peu de temps pour accrocher ce regard qui furète. « T’as rien de mieux à faire? », lui lance t-il sur un ton de reproche, parfaitement en accord avec sa mine cafardeuse, blasée. « C’est qu’avec ce qu'il s’est passé… » et il sent l’amertume qui s’échoue sur son visage, encore la même chanson, à croire qu’ils ont tous décidé de se la couler douce ‘parce qu’il s’est passé quelque chose d’horrible la veille’. Horrible… s'ils savaient ? Non, la vie continue, pour ceux qui n’en avaient pas été amputés. Agacé, l’une des têtes de la guilde se hisse sur ses jambes et ajoute. « Avec ce qu'il s’est passé il devrait déjà y avoir 100 septims dans ce foutu coffre. » D’autant qu’il savait ce qu’il contenait. Ce n’était pas la mer à boire, d’autant que les temps difficiles lui faciliterait gracieusement la tâche. Si c’était le peu de dignité qui lui restait qui l’inquiétait à sacrifier, il ne pourrait rien pour lui.

Les battements d’ailes se rapprochent, le demi-elfe lève les yeux et aperçoit Ciri, à qui il lui propose son bras. L’œil dur et les mots tranchants, Arawn reporte son attention sur le voleur.

« Revois tes priorités ou va t-en. »

Et là, le silence.

Le silence, c’est tout ce qui leur restait.
Finalement, il n’y avait que ça depuis cette nuit-là, quant bien même les civils et autres survivants s’apostrophaient les uns les autres pour pouvoir déblayer les rues, le regard encore ivre d’une terreur larvée et endémique. Mais même en frottant de toutes leurs forces les pierres de la cité, cela n’effacerait en rien ce qui s’était produit ici bas.

De fait, nous dirons que chacun a sa façon de gérer la chose. Depuis la veille, Arawn ne supportait pas de voir la faiblesse ou la compassion niaise chez l’autre. L’abattement, tout simplement, celui qui paralyse, celui qui rend idiot plus qu’instigateur. Sans doute parce que lui-même ne parvenait pas à supporter le seul souvenir de cette fébrilité d’âme qui l’avait fauché… et qu'il préférait oublier par la boisson.

L’homme se contenta d’hocher la tête, faisant fi de ses humeurs pour se concentrer sur le fond du message. Le regard d’Arawn se reporte sur Berich, puis l’aigle dont le poids alourdit son bras. Ciri glatit. Elle est là. Elle te cherche. Et laisse échapper un soupir entre ses lèvres, un soupir qui mêla anxiété et soulagement. L’œil chute sur Berich. « Je reviens. » et va héler un membre de confiance pour le laisser l’assister. Laisser son ami complètement seul n’aurait pas été une riche idée.

Sur le chemin qui le mène à l’extérieur des ruines, son esprit bouillonne. Elle aurait pu être là. Elle aurait pu le voir, perdu, fébrile d’esprit, et qui sait, succomber comme d’autres. Et qui aurait-il pleuré cette fois-ci ?

Il ne veut pas savoir.

Lorsqu’il se trouve suffisamment éloigné de la masse humaine qui composait la guilde, des murmures fusent et se répercutent faiblement contre les parois en pierre.

« Est-ce qu’elle va bien ? » fait-il à l’attention de l’aigle perché sur son épaule, sans toutefois la regarder. La marche soutenue, il progresse dans les ruines pour en trouver l’issue. Tu lui demanderas. Ce à quoi il répondit par un soupir, puis ajouta. « Elle mentira… » Pour ne pas inquiéter son vieux père, comme elle le ferait certainement auprès de n’importe qui… n’est-ce pas ? Et toi aussi. La clairvoyance de l’animal le laisse sans voix… et puis…

La pluie.

Le demi-elfe tend le menton et va chercher des yeux le ciel qui s’est couvert de grisaille. Quelques courts instants à s’arrêter dans l’instant, avant de se remettre en mouvement. Il n’a même pas prit la peine de se couvrir les épaules de sa cape, ne s’étant pas particulièrement inquiété du temps qu’il pouvait faire. C’était à cent lieues d’être sa principale préoccupation à l’heure actuelle…

Alors il la cherche, du regard d’abord, perché sur les hauteurs, près de l’autel de Talos. C'était dans une situation similaire qu'il s'était trouvé, et encore une fois, il se retrouve propulsé dans un passé proche et amer. Vampires… ne plus y penser. Yvara. La priorité est là pour l'instant… nulle part ailleurs. Pas même dans ces eaux sans fonds qui noient son esprit damné.

Mais faute de l’apercevoir, Arawn retourne sur ses pas, longeant le temple de Dibella. Ses yeux clairs qui se détournent de leur axe et la voit enfin, ses traits fatigués s’illuminant légèrement — comme s’il avait peur de réessayer. Il croit percevoir de l’inquiétude sur ces traits qui ne le regarde toujours pas. Ciri s’envole et va se percher sur le toit du temple après avoir tourné brièvement autour de sa fille.
« Yvara. » et il ne faut que quelques instants pour qu’elle l’aperçoive à son tour; leurs silhouettes respectives battues par une pluie fine et désagréable. Une pluie qui ne l’aurait cependant jamais empêché de remonter jusqu’à elle, ni même de répondre à son étreinte.

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Sujet: Re: YVARAWN #1 ☾ crimson rivers Lun 23 Avr - 9:14


Festering wounds are the hardest to heal

« Yvara. »
Tous les bruits s’abolirent lorsque le prénom vibra à travers eux, ravalés immédiatement au néant de leur insignifiance. Il ne lui fallut qu’un clignement éberlué des yeux pour reconnaître l’éclat vif et alerte des prunelles aussi claires qu’une eau endormie qui la fixaient chargées d'une infinie tendresse. Le temps arrêta momentanément son cours pour la laisser savourer la magie imperceptible qui transita de l’un à l’autre, dans cet entrelacement si doux de leurs deux existences. De toute façon, jamais de mémoire d’homme n’avait-il su conquérir le visage d’Arawn pour y imposer les marques de son passage. Son port droit et fier ne s’était pas aboli, et il la dominait toujours de toute sa hauteur pour la draper dans son halo protecteur.
« Arawn… père… » soupira-t-elle. Forte de la quiétude nouvelle qui s’était installée, Yvara s’aventura à prononcer ce mot si étrange, si curieux mais qu’il aurait été pourtant si bon de rendre normal. Père. C’était risquer qu’il n’alla chercher refuge entre les murs imprenables de sa forteresse intérieure, pour échapper à l’assaut des émotions qu’elle manifestait peut-être trop intensément. Elle voulut prévenir ce qu’elle redoutait mais ses paroles s’empêtrèrent aussitôt qu’elle voulut poursuivre, comme si tous les mots qu’elle avait à lui dire voulaient sortir en même temps, sans égard pour leur intelligibilité. Ils provoquèrent un rire chez Yvara, dont le tintement cristallin se mêla à la pluie pour briser le charme ténu qui les unissait. Au milieu des visages clos et des murmures graves, il vint conjurer la fatigue, le froid, la tristesse et les longues années d’absence immiscées entre eux, entremêlées en une pelote inextricable de sentiments sinistres. Elle ne put que céder au besoin urgent de l’étreindre jusqu’à l’épuisement, et se jetant contre lui, elle glissa ses bras tremblants sous les siens pour en recueillir toute la chaleur paternelle.

Sa tête reposait contre la poitrine d’Arawn, dont les soulèvements réguliers la calmèrent en un instant. Son cœur adopta un rythme plus lent encore que celui qui battait près de son oreille, et elle desserra l’étau dont elle retenait son père prisonnier.  « Pardonne moi. J’étais morte d’inquiétude. Quand je suis arrivée, j’ai vu les corps, tu n’étais pas là… » dit-elle. « Que s’est-il passé ici ? Et toi ? Tu n’as rien ? » Et, sans plus de cérémonie, Yvara empoigna le guerrier par les épaules et l’inspecta de pied en cape. Ce premier examen ne lui révéla aucune blessure récente et elle s'apaisa, bien qu'elle se doutât ne pouvoir s'en remettre à sa parole. Yvara savait parfaitement ce qu’il allait répondre : il prétendrait que tout allait bien, pour ne pas alimenter davantage l’inquiétude qui la rongeait, et elle-même ferait semblant de le croire, pour ne revenir que plus tard à l’assaut de l’homme taciturne. Pour l'heure, elle renonça à extorquer de lui le récit de ses faits et gestes de la veille car Arawn ne les raconterait que s'il en éprouvait le désir. Elle n'était même pas sûre qu'il lui raconterait sa vie ici, au cœur de la montagne sculptée en une cité.

Yvara jeta un regard circulaire autour d'elle, constatant que la pluie n'avait pas mis fin au bal nerveux des gardes et des habitants. La dure réalité du monde la rattrapa, et c'est ainsi que rappelée à ses manières et surtout, à son devoir, la guérisseuse reprit l’ascendant sur l’enfant candide que ces retrouvailles avaient envahi d'allégresse.
« Sais-tu s'il y a des blessés ? Je peux peut-être aider. » fit-elle en se saisissant de sa main. Les circonstances n'étaient certes pas celles que son imagination volatile s'était figurées, mais quand bien même, elle ne livrerait pas sans un dernier combat, les habitants de Markarth à la mort.  

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Sujet: Re: YVARAWN #1 ☾ crimson rivers Mar 24 Avr - 23:56

CRIMSON RIVERS
“Ah, the familiar scent of death…” — Arawn, 4E201.

Père…
À ce mot qui lui échappe, habituellement tut en public, s’éveillent de lointains souvenirs. À commencer par le visage rond et halé d’une femme, à son sourire, jusqu’aux mensonges et à la fracture, la tourmente et le silence hurlant qui avait suivi. Et si aujourd’hui l’orage semblait s’être calmé, il n’était jamais bon de s’y attarder de nouveau. Au détour d’une pensée, d’une réflexion… ou de traits familiers, qui le rappellent à cette mère qu’elle ne connaîtra jamais — à cette femme qui aurait sans doute tout gagné à la voir sourire comme ce fut le cas en cet instant.

À cette femme perdue qui revit un peu plus à chaque minute passée aux côtés d’Yvara.

Est-ce du soulagement, de l’inquiétude, de la fatigue — ou même tout à la fois ? Il y a tant de choses, tant d’émotions qui débordent de sa fille, qu’il se satisfait parfois de ne pas l’avoir corrompue. Si ç’avait été le cas, Arawn ne s’en serait certainement jamais relevé.

Ses bras répondent à son étreinte, avec une affection qui ne transparaît que pour celle qui le reçoit. Elle qui sait très bien sa gaucherie sans en connaître l’origine; et lui qui se réserve plutôt ce genre d’écart doucereux, aussi précieux que secrets, à d’autres circonstances. Muet de toute remarque, il se demande pourtant comment elle se sent. Comment s’est passé son voyage ? A-t-elle eu affaire à des gredins, des marchands itinérants, ou quelques animaux sauvages à la lisière d'une forêt ? Les questions bourdonnent contre ses tempes sans trouver écho dans cet espace réduit qui les séparait. C’est qu’il n’a jamais eu besoin de dire quoi que ce soit pour lui prouver qu’il était présent, concerné par son bien-être et son équilibre. Mais quel enfant, aussi fort puisse t-il être, réussirait à en assurer un viablement sans connaître ses racines ? À bien vouloir s’essayer au jeu cruel qu’est la vie, sans savoir à quoi - à qui - se soustraire avant de courir après l’avenir ? D’où viens-je, qui suis-je, où vais-je ? Alors le vieux métisse dépose une de ses paumes contre ce crâne habillé d’une crinière sombre, comme seule protestation à ce flot de pensées.

Pourtant il sait, au fond de lui, que la parole - le partage - est quelque chose qui manque. Qui lui manque, à elle, car lui a toujours réussi à survivre sans. Et encore une fois, il n’y a que des substances psychotropes - entre autre, - qui puissent lui permettre de délier un tant soit peu sa langue.
Ce qui n’était guère le cas actuellement. Le son de la pluie qui s’abat sur les pavés avec de plus en plus de hargne, c’est tout ce à quoi ils goûtèrent pendant ces courts instants passés l’un contre l’autre. Il la sent qui tremble, nerveuse, et certainement touchée à vif par cette sinistre hécatombe. Cette sensibilité qu’elle reconduit, instigatrice de faveurs vertueuses… ce qui n’était certainement pas le même mécanisme chez son parent, bien que Berich puisse désormais témoigner du contraire.

Lorsque leur carcasse respective se décroche de l’autre, ce n’est pas sans garder un œil sur le visage proche. C’est pendant ce court laps de temps qu’il alla chercher la capuche de la guérisseuse pour la rabattre sur son crâne, déjà bien trempé. Lui se contenterait de garder la crinière ondulante et ruisselante, chose qui n’était pas si dérangeante : il avait toujours apprécié les averses, même en ayant le cœur aussi lourd.

« Pardonne-moi. J’étais morte d’inquiétude. Quand je suis arrivée, j’ai vu les corps, tu n’étais pas là… » alors ses lèvres s’entrouvrent légèrement, prêt à initier une réponse, (il ne comprend pas pourquoi elle s'excuse), mais elle renchérit aussitôt, vraisemblablement secouée par l’aura de mort qui courait les murs de la cité. « Que s’est-il passé ici ? Et toi ? Tu n’as rien ? » mis à part le spectre - pénible - d’un livre passé sur sa joue droite, il n’y avait pas grand-chose à signaler, semble t-il. Arawn était tout bonnement incapable de lui toucher mot de ce qu’il a ressenti. C’était, après tout, de ça dont il voulait la préserver.

Il la laisse l’inspecter sous toutes ses coutures, secrètement touché par cette attention qu’il n’aurait jamais accepté venant d’un autre. Alors il se contenta d’hocher la tête doucement, à la positive et yeux vissés aux siens avant de souffler, « Ça va. » qu’aurait-il pu répondre d’autre ? Yvara elle-même n’en serait pas étonnée. Pourtant, au delà de la tendresse réservée et du soulagement, il y avait ce voile figé sur ses prunelles trop claires. Ce même brouillard qui s’épaissit à ses propres mots, déterrant des cadavres qu’il aurait préféré voir retourner à leur nid. « Sanguinare vampiris. » sa fille était mage et instruite, ce qui n’était pas le cas de tous les habitants de Markarth. Elle comprendrait parfaitement de quoi il voulait parler, bien qu’il put entendre qu’elle n’en ait jamais rencontré autre part que sur les lignes couchées d’un grimoire — ce qui, en soi, était préférable. Ébruiter à nouveau ce que tous s’efforcent à taire n’est pas la meilleure chose à faire. « Ils ont attaqué la ville. » et ont assassiné le chambellan, avec bien d’autres malheureux. Or ce n’était pas pour eux que le demi-elfe était aussi affligé, ce qu’il comptait bien se garder d’exprimer, même sous la plus cuisante des tortures. Lui qui est encore à se demander si l’ami d’Yvara et mage de la cour n’avait pas senti, lui aussi, le profond malaise qui l’avait saisi à l’exécution du - des - vampires.

Il est encore présent, s’accroche à ses chairs et à son âme abimée. Comme l’aura qui stagne à certains endroits, passage-clés qui n’échappent pas à Arawn, qui évite au mieux ces halos viciés qui ne semblent vouloir que l’aguicher, lui et lui seul. Quelques instants, une fois encore, où son esprit s’égare, son regard fuyant à son tour vers un point hasardeux brouillé par l’ondée. Où il laisse l’impalpable s’insinuer et le détourner de la réalité, une fois encore…

« Sais-tu s’il y a des blessés ? Je peux peut-être aider. » et lorsqu’elle lui saisit la main, son contact le tire de son absence, il peine à la dissimuler (comment aurait-il pu?), et aussitôt ses yeux vrillent vers son visage, puis sur ce point de contact. Il aurait juré avoir entendu quelque chose, sans toutefois s’être senti frémir à son écho imperceptible. Et ses yeux restent coincés quelques secondes là, des traces vermeilles présentes sur le dos de sa main. Elles au moins sont réelles, se dit-il — le sang de vampire séché sur ses gantelets s’était décroché et mêlé à ce ruissellement, à présent souillé. Si bien qu’il préféra ôter sa main de la sienne pour ne pas contaminer la peau de la jeune femme, ne cherchant toutefois pas à extraire ces stigmates qui se distilleraient d’elles-mêmes; bien qu’il ignorât à quel point il avait pu recueillir de cette sève impie. « Il y a plus de morts que de blessés, » avoue t-il, ayant levé les yeux dans sa direction, comme une urgence d’avoir à se recentrer. Il sait qu’un prêtre de Kynareth est ici, qu’il s’occupe aussi de bénir les carcasses avant qu’elles ne soient jetées au feu. Après avoir vu les morts se relever une seule fois, la paranoïa a eu vite fait de gagner les cœurs naïfs et pieux. Ce spectacle macabre et cette odeur de chair brûlée au matin n’avait pas retourné l’estomac du métisse, (à croire que ce n’était qu’un nuage d’horreur dans tout ce qu’il avait pu voir par le passé), ce qui n’avait pas été le cas de tout le monde.

« Il y en a quelques uns chez nous. » Si peu de voleurs s’étaient aventurés hors de leur quartiers lorsque Berich les avait intimé de rester enfermés. Certains n’avaient pu entendre l’appel. Traînant à l’auberge ou dans les environs, ils avaient été pris pour cible, et seul deux d’entre eux, en plus de l’autre tête de la guilde, avaient été rescapés. Un Bosmer, un Argonien, aux résistances particulièrement marquées face aux maladies. Sans doute devrait-elle leur prodiguer plus que quelques soins, comme une bénédiction… si elle s’en sentait capable. Ce n’est pas comme si l’éventualité qu’un des leur soit transformé en vampire l’effrayait. Peut-être même qu’il en serait plus qu’apaisé.

Ciri glatit dans les hauteurs, ce qui eu le don de lui faire lever un peu la tête dans sa direction — car ses mots n’étaient pas anodins, pour ceux qui savaient les comprendre. Il fait froid. Tu vas pas rester planté là ? Chose à laquelle il répondit par un soupir nasal. La suite le surprend lui-même, poussé par un élan d'amertume qu'il ne doit qu'à l'intervention de l'aigle, qui piaille en réponse.

« J’ai trois blessés, dont un à garde. Ça lui aurait fait lever les yeux au ciel s’il ne pleuvait pas tant sur ses paupières, lui brouillant partiellement la vue. On a déjà prodigué des soins… » ne pas laisser entendre qu’il a aidé ce bougre, ni même les autres, certainement pas. « Tu devrais peut-être aller voir. » et va chercher à nouveau son regard camouflé en partie sous son capuchon, l’interrogeant simplement sur ses volontés. Au moins ils seraient à l’abri, ce qui serait un premier pas vers des retrouvailles plus étoffées. Il jeta un coup d’œil vers le temple de Dibella avant de lui emboiter le pas. « C’est pas celles-là qui nous aideront, » grommelle t-il dans sa barbe après avoir laissé ledit bâtiment dans leur dos. Et pour cause, il se rappelle bien que l’une d’entre elle l’exécrait tout particulièrement. L’avoir aidé la veille ne semblait pas avoir défroissé ses traits de glace, ni lavé son cœur de toute rancœur. Soit, il y a bien des choses qui ne s’expliquent pas. Comme le fait qu'il ne parvienne toujours pas à lui demander comment elle va, ni à sacrifier son mutisme pour lui offrir des aveux sincères. Le temps. Il faut encore un peu de temps.


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Sujet: Re: YVARAWN #1 ☾ crimson rivers Sam 28 Avr - 14:45


Festering wounds are the hardest to heal

L’invocation macabre laissa Yvara plus statufiée que les pierres déliquescentes de la cité abreuvée d’eau et de sang. Ce n’était pas là quelque chose que le loisir ou le hasard amenaient à formuler impunément, sans ménager du moins le même silence qui précède au tonnerre et frappe les épidermes d’un violent frisson chargé d’effroi.
« Non ce... ce n'est pas possible ! » s’écria-t-elle lorsque la vague électrifiée eût fini de parcourir sa peau transie. Mais le mouvement de déni de ses cervicales ne parvint pas à conjurer le spectacle sanglant d’où émanaient encore les effluves putrides des cadavres abandonnés mêlées aux relents de chairs calcinées écarter toute possibilité de réveil. « Jamais les vampires ne sortent comme ça... en meute ! » Pourtant les preuves étaient là encore chaudes. Les robes écarlates ornementées d'argent avaient étreint l'obscurité et fondu sur le dolmen où reposaient les proies endormies de leur festin de sang. Un prêtre de Kynareth aux visages striés de larmes cristallines bien plus que de gouttes de pluie, menait le cortège qui conduisait les dépouilles vers leur dernière demeure, sous les lourds sanglots de leurs veuves fraîches. « Par les Dieux, » soupira-t-elle en portant une main tremblante à son cou, là sous l'épais châle de laine, respirait avec elle son amulette de Mara. Les médaillons entrelacés dans sa main droite et celle d'Arawn mêlée à sa gauche, Yvara se laissa envahir par la bénédiction qui lui était accordée. Une fois encore, la Déesse avait honoré son allégeance sincère, et avait veillé sur sa seule famille. Sur Arawn, dont le visage était plus fermé encore que la coquille d’un bernacle. En détaillant ces traits tirés par la lassitude, elle s’inquiéta de ce que sa peau était aussi blafarde et cireuse, semblable à ces lunes fantomatiques qui hantaient les nuits privées d’étoiles.

Ses doigts rugueux et forts se dérobèrent aux mains délicates qui s’en étaient saisies, brûlés à vif par leur caresse aimante. Pourtant, le ciel tout à son deuil liquide en avait drainé le sang jusqu’à la dernière goutte, les laissant gourdes et froides sous la chute calme de ses larmes glacées. Son cœur se serra. Quelque chose le hantait lui que toute à son élan, elle n’avait pas su voir et que lui révélait sa fuite presque inconsciente. Un tourment, un cauchemar né de la veille l’avait laissé si exsangue et si las, que pas même sa présence entre les murs de Markarth n’avait pu l’en soulager. Etait-ce pour cette raison qu'il avait rabattu son capuchon au-dessus de sa tête ? Non pas tant pour la protéger de l'averse, mais pour se dissimuler au faisceau inquisiteur de ses yeux plissés d'inquiétude ? Yvara s'en voulait de n'avoir rien trouvé, de n'avoir jamais découvert par quel pouvoir elle aurait été à même de lui apporter le moindre soulagement, si ce n'était faire taire les élancements de sa confiance mille fois ébranlée.
« Tu dois être gelé, » se résolut-elle à dire pour ne pas le faire fuir davantage. « Conduis moi à tes hommes, je verrai ce que je peux faire pour les aider. Mais après, nous devrons parler. » Un regard vint appuyer sa promesse. Il n’y dérogerait pas. Même si des pirouettes ou le silence étaient seuls à lui répondre, au moins aura-t-elle pu se soulager de toutes ces interrogations qui s’agitaient dans sa tête comme une nuée d’oiseaux.

Côte à côte, ils remontèrent la rue qui menait au creux de la montagne où se dessinaient dans l'obscurité de nouveaux bâtiments sur de multiples étages. Les habituels complaintes grommelées à mi-voix par son père ponctuèrent leur parcours (au moins une chose qui n'avait pas changée), tandis qu'autour d'eux l'activité grouillante faiblissait, les besognes achevées et la nuit bientôt installée. Quelques adeptes des arcanes faisaient luire doucement sur leur passage des orbes aux reflets bleues pour remplacer les torches rendues inutilisables par l'averse. « Sais-tu si beaucoup ont été contaminés ? » finit-elle par demander. Si elle n'avait jamais été confrontée à des cas de vampirisme, quelques ouvrages à l'Académie lui avaient offert la possibilité d'en connaître les étapes. « L'Hémophilie Porphyrique met environ trois jours pour achever sa transformation. Mais il faut traiter tout de suite. » Elle s'arrêta brusquement et le retint également par le bras. Frappée.
« Tu... tu es contaminé ? »



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Arawn Valtieri
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Sujet: Re: YVARAWN #1 ☾ crimson rivers Jeu 3 Mai - 22:54

CRIMSON RIVERS
“Ah, the familiar scent of death…” — Arawn, 4E201.

« Jamais les vampires ne sortent comme ça… en meute ! » de par le fait; ils ont sans nul doute été poussés, manipulés… et le retour des dragons y aurait peut-être été pour quelque chose si Arawn n’imaginait pas d’autres conjectures, certainement plus plausibles, sur le sujet. Mettre au service de la communauté ses connaissances et compétences en la matière ne lui avait pas une seule fois effleuré l'esprit. Fermé sur le sujet. Il ne préférait pas y penser. Faute de s’acharner à essayer de laver sa propre pierre de ces tourments, ces derniers prennent de l’envergure et corrompent le peu de sursis qui lui était accordé. En l’occurrence, la présence de sa fille, qu’il n’avait manifestement pas accueilli avec autant d'enthousiasme que la fois dernière. Quant bien même était-il peu expressif de manière générale, la nuance était bel et bien présente. Une nuance qui n'allait pas échapper au regard inquiet et clairvoyant de sa fille, pour l'avoir observé pendant des lunes durant.

Parce qu'il a l'air d'un fantôme, errant et las, et que c'est ainsi qu'il se sent aussi : à la fois ancré et déconnecté, happé par un Tout qui lui lacère l'esprit. À tel point que la présence de sa fille lui a semblé vaporeuse, comme un mirage que l'on accueille naturellement, puisqu'il s'impose de lui-même. Presque hors du temps, où les choses du présent ne sont que fadeur et chimères. La réaction d'Yvara face à sa révélation lui paraît alors bien plus légère qu'elle ne l’était vraiment.

Puis elle s'inquiète, à juste titre sans doute, il ne sait jamais trop comment réagir dans ces moments-là; comme si le rapport de force établi entre eux avait, avec le temps, été biaisé — et leur faisait permuter les rôles, s'il y en avait déjà eu de réellement définis par le passé. Alors il reste muet, le froid étant vraisemblablement d’une aide capitale pour le faire perdurer dans ce plan de l’univers. Arawn ne conçoit pas que l'on se préoccupe tant de son intégrité, de son équilibre, comme il ne conçoit pas que l'enfant prenne soin de son parent. Après tout, lui ne l'avait jamais fait, même s'il y avait certainement les meilleures raisons du monde là-derrière. Le père inébranlable et sans faille aucune, c'est là un énième manège qu'il se devait d'y avoir. Pour la préserver… et lui-même par l'occasion, il est vrai. Parler avec des mots n'a jamais été son fort et il s'affranchirait volontiers d'être rappelé à sa propre instabilité.

Le soulagement qu'elle accepte d’aider et le suivre jusqu'aux ruines réinvesties par la guilde, moins en revanche en ce qui concernait ses volontés… « Mais après, nous devrons parler. » « Et toi te reposer, » a-t-il laissé échapper, comme une flèche décochée par automatisme. C'est peu mais traduit son inquiétude sous-jacente, ses interrogations aussi, qu'il tait par habitude. Ils remontent la rue, Ciri les suit, filant dans la direction vers laquelle ils progressent, une avance certaine sur eux.

L'eau qui s'abat et ruisselle sur ses épaules l'ancrent un peu plus dans ce sol vibrant d'horreur. À chaque pas, il s'y installe davantage, et à chaque pas, l'envie de regarder par dessus son épaule le prend. Avait-il seulement envie d'être assuré qu'une hallucination l'ait frappé à nouveau ? L'envie se fait besoin et il y cède, brièvement, découvrant le paysage aussi brouillé de pluie que le reste, et surtout, sans aucune ombre tangible pour lui murmurer à l’oreille. Dans le noir de ses paupières qu’il clôt pendant de très brefs instants, une prière offerte à Vaermina. Puissera t-Elle lui offrir le sommeil reposant et la quiétude de l’âme, lorsqu’il s’abandonnera enfin dans son royaume.

« Sais-tu si beaucoup ont été contaminés ? » fait la voix aimée par-delà l’épanchement laborieux du ciel sur leur carcasses. Il jette un coup d'œil dans sa direction, furtif, alors qu'il cherche à rassembler les informations sur le sujet qui pourraient intéresser sa fille préoccupée. Le fait est qu'il ne sait pas, qu'il ne veut pas savoir, parce qu'un vampire nouveau-né ne mérite pas d'être rendu à la poussière ainsi, aussi tôt. Oh, il se garderait de lui en parler, et l'anxiété d'avoir à dresser un nouveau mur face à sa fille concernée piquait bel et bien ses membres, bien qu'il n'en parut rien. « Je l’ignore. » Et c'était une vérité, pour une fois, même s'il en dissimulait une autre, bien plus inquiétante. Pour son père qui, lui, préférait fermer les yeux sur les cas potentiels, plutôt que d'avoir à les livrer de gré à gré à ces sauvages ignares — ou se retrouver piégé entre deux feux, une fois encore.

Les cas supposés ont, pour les premières heures, été traités avec peu de merci, les Nordiques n'étant pas connu pour leur subtilité. Certains comptant rejoindre Sovngarde dans la non-vie, ou un quelconque Paradis qui les attendait, chose qui leur serait très certainement refusée après avoir été ainsi… corrompu. Arawn, lui, savait parfaitement qu'il n'y aurait pas droit. Son essence même l'en empêcherait.
Et elle lui présente alors le vampirisme comme une maladie, (comment aurait-il pu en être autrement?); aussi ces "malades" étaient entre la vie et la mort, dans une grisaille dont seuls les prêtres et autres guérisseurs expérimentés pourraient l'en sauver… qu'elle pouvait sauver. Ils continuaient de marcher, mais leur cadence de marche avait été quelque peu ralentie, jusqu'à ce qu'Yvara le prenne de cours, lui perdu dans ses pensées, accueillant la main de sa fille qui accroche son bras. Le demi-elfe, surpris, s'est arrêté à son tour et cherche à accrocher ce regard qui l'a déjà happé. Brutal. Et ses mots, eux, le sont tout autant pour le marqué.

« Tu… tu es contaminé ? »

Contaminé ?

Figé, il la scrute sans ciller, plus touché qu'il n'aurait dû. Tel un carreau d'arbalète qui se logerait entre deux côtes… douleur, gêne, oppression. De la bouche d'Yvara, cela prend des proportions inattendues. Comme si les mots de son mentor débordaient de ses lèvres, rendant sa question plus acide qu’elle ne le sera jamais. Un reproche ? Cette réalité qu'elle ignore et dont Ysciele père ne fait que l'alerter par tous les moyens nécessaires. Des mots qui sont revenu bien trop de fois dans sa longue existence, de voix alliées ou ennemies. Malade, corrompu, damné. Autant de choses qu'il est et qu'elle ne semble vouloir - pouvoir ? - voir, par amour ou par déni… il y a tant à déguiser, tant à celer pour la mettre à l’abri…

Et si…

« Non. »

Il est tout de même parvenu à briser ce semblant de silence, par un discours qui tranche plus qu'il n’adoucirait les maux de l’enfant. Un mot qui sonne faux, gorgé d’une curieuse amertume, et qui pourtant devrait la satisfaire. Arawn qui essaie, qui s'acharne à retrouver l'éclaircie dans cette immondice psychique, et semble toutefois s'être perdu, la conscience éraflée.
L'homme va chercher de sa main l'avant bras de sa fille, faisant glisser le sien contre l’étoffe qui la recouvrait. Il ne rompt pas le contact initié et secoue imperceptiblement la tête, insistant par le regard et par le langage. « La nuit a été longue. » lui avoue t-il, annonçant qu'à demi-mot à quel point le sommeil lui manquait. Elle savait à quel point ses nuits pouvaient être cruelles. Sa pâleur, son affliction manifeste traduisaient un autre malaise, plus profond, qu’Yvara aurait tout le loisir de tenter de toucher du doigt, une fois isolés de la masse. Soit, il doutait sérieusement de parvenir à lui en parler à cœur ouvert, tant l'exercice d'une simple réflexion interne le diminuait. En serait-il seulement capable un jour ? Et si tu étais malade, Arawn ? siffle une voix qui semble être la sienne. Ne se rappelant pas d’avoir été en réel contact - si ce n’est par le fil de son épée - avec un représentant de la famille vampirique. Non, il n’était pas atteint, pas malade, pas de cette maladie-là du moins, ce qui n’aurait certainement fait qu’exacerber un peu plus encore les symptômes ressentis la veille à leur présence.
Le demi-elfe tente de se reprendre et desserre un peu ses doigts qui emprisonnaient l’avant-bras féminin. « Je vais bien, » répète t-il, pour se rassurer presque autant que son interlocutrice. Seulement fatigué, non, éreinté — et c’était peu de le dire, même si ses vieux os semblaient encore tenir la route. Pour elle, qu'il aimait tant, il le faudrait bien. « Les autres… » qu’il commence à ajouter, inspirant doucement. « …les autres, j’en sais rien. » ces autres que la guérisseuse aurait tout le loisir d’ausculter, si ces derniers étaient coopérants. Mais il avait foi et savait se montrer particulièrement persuasif - à sa façon, certes - lorsque la situation l’exigeait. Il espérait seulement que l’autre bougre n’ait pas décidé de bouger, ce qui, fatigue ou non, parviendrait à sérieusement l’exaspérer… d'une irascibilité sifflante, il ne pourrait en être autrement.

Reprenant la marche peu à peu, d’abord de manière inconsciente, ils se font finalement plus discrets à l’approche de l’entrée, qu’il ouvrit à Ciri en premier lieu. Une fois engouffrés dans les ruines obscures, Arawn marque un arrêt. L’entrée des ruines et sa première galerie, étaient plongées dans un noir d’encre, profond et peu engageant. À se demander qui avait laissé mourir les torches… alors que de ses lèvres s’échappe un soupir long, il lance un sort de rayonnement; comme l’évidence face aux ténèbres. Ténèbres qui, avouons-le, se faisaient plus angoissantes dans son état.

Quelle belle brochette d’idiots, songe t-il, quelque peu nerveux. Ç’aurait été un bon moyen pour dissuader les curieux de les rejoindre dans leur tanière fraîche et isolée, s’ils n’avaient pas été attaqués par des vampires la nuit dernière. Il les aurait pensé plus paranoïaques que le reste de la plèbe, et pourtant. Force est de constater qu’ils préféraient se terrer dans les entrailles des ruines, sans doute n’avaient-ils pas eu ne serait-ce que l’idée de sortir à l’extérieur. D’où leur négligence en terme d’éclairage rudimentaire. C’est que les plus fragiles d’entre eux se seraient empêchés de manger de la viande grillée pendant plus d’une semaine, au minimum. Enfin, ils avaient meilleur mine que ceux que l'on avait chargé dans des charrettes à l'extérieur…

Ciri fila à nouveau au dessus de leur tête, partant vraisemblablement en première ligne. Elle serait la première à arriver, et aussi la première à savoir si Berich avait dérogé à la seule règle qu’on lui avait imposé. « Si tu as faim, il y aura de quoi te faire un repas. » Étrangement, il ne s’inclut pas dans le lot, bien qu’il soit plus que prompt à partager cet instant à ses côtés. Et pour cause, la sensation de satiété lui semblait être déjà oubliée depuis des lustres : il n'avait pas faim. D’une voix toujours aussi basse, il agrémente d’une précision, importante qui plus est. « Loin d’eux. » Parce qu’il savait quel regard portait Yvara sur cette communauté, et que lui-même avait parfaitement conscience qu’elle passerait de meilleurs jours à mille lieues de ces énergumènes. Alors soit, il valait mieux qu’elle ne se contente que d’un seul d’entre eux.


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YVARAWN #1 ☾ crimson rivers

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