Sujet: Bird song (Feat. Arawn Valtieri) Ven 30 Mar - 16:35
Bird song
❖ Date du rp Sombreciel, 4E 200 ❖ Partenaire Arawn Valtieri ❖ Climat, météo, saison, heure Markarth, l'hiver a reprit ses droits, il est aux alentours de midi
Bertil avait tout à fait conscience qu'il pouvait être légèrement obsessionnel. C'était loin d'être son plus grand défaut, oh ça non. De plus, il était rare qu'il se passionne pour autre chose que ses livres et ses études. Mais quand ça arrivait...et bien c'était quelque chose. En l'occurence, il y avait bien un sujet en particulier qui pouvait le pousser à faire des folies. Comme par exemple sortir dans la rue. Parmi les gens. (Parmi les pauvres et les incultes) C'était un immense sacrifice pour Bertil, qui considérait que tout le reste du monde qui se trouvait hors des limites de chez lui était indubitablement hostile à son existence. Ce sujet, c'était les oiseaux. A vrai dire, cette passion était venu tardivement. Enfant, les seuls volatils qu'il croisait étaient les pigeons de la Citée Impériale et on ne peut pas dire que cela lui ai laissé un souvenir grandiose. C'est durant son service militaire qu'il découvrit la beauté du monde volant. Stationné à Lenclume, il avait vu de ses yeux ébahis des races d'oiseaux exotiques dont les couleurs chatoyantes et la grâce tourbillonnante avaient rapidement envouté l'artiste qu'il était. Depuis, il avait développé une véritable obsession pour la race aviaire. C'étaient, à ces yeux, les plus magnifiques créatures existantes et elles méritaient tout l'amour et le respect qu'on pouvait donner. A peine excessif le petit Bertil donc... Lorsqu'il voyait un oiseau, quel qu'il soit, il se transformait totalement. Du jeune homme distant et légèrement hautain émergeait une sorte d'enfant fasciné qui écarquillait les yeux aux moindres tintement de bec. C'est ce genre de sourire idiot qui était apparu sur ses lèvres quand il la vit pour la première fois. Une beauté sans pareil. Sa robe de délicates plumes brunes et grises se fendait en deux ailes majestueuses quand elle s'élançait dans les cieux. Ses yeux perçants décoraient une tête d'albâtre au bec intransigeant. Ils parcouraient le monde d'un regard royal, comme si tout ce qui s'étendait en bas lui appartenait, à elle, la reine des vents. Elle était magnifique et à chaque fois que Bertil la voyait traverser Markarth, il n'avait qu'un désir : immortaliser sa splendeur. Cela faisait pratiquement deux mois qu'il passait ses heures de libres, qui étaient pourtant peu nombreuses, à son observation. Déterminé, il avait parcouru des mètres et des mètres à sa poursuite, essayant de découvrir où elle atterrissait. La plupart du temps, elle disparaissait dans les hauteurs de la ville, ou dans la foule, et Bertil était dépité. Les rares fois où elle se posait sur un arbre ou un toit, Bertil avait tenté de l'approcher discrètement et sortir ses affaires de dessin le plus doucement possible. Et toujours, immanquablement, au dernier moment, elle s'envolait et le laissait pantois. Bertil, qui prenait la vie avec philosophie, avait parfois l'impression de ressentir ce qu'éprouverait l'amoureux éconduit par une belle dame sans merci. Il avait tenté une autre technique d'approche et avait essayé de l'appâter avec de la nourriture. Non seulement la tentative avait lamentablement échouée, et en plus, le jeune homme avait l'étrange impression d'avoir lu une sorte de mépris dans le regard de l'oiseau. C'était sans doute son imagination. Cela dit cet air fier et indigné ne faisait que renforcer sa magnificence. Il ne cessait de courir partout pour essayer de l'apercevoir, de se perdre dans cette ville dont il ne connaissait pas encore toutes les subtilités (après tout, il n'avait emménagé chez le mage de la cour que quelques mois auparavant), de manquer de se casser la figure dans les innombrables marches de Markarth (par les Huit, pourquoi cette ville a-t-elle autant d'escaliers ?), de rentrer dans les gens, de courir encore et encore...et pourtant il était chaque jour un peu plus déterminé. Si un jour l'oiseau venait à quitter la ville pour une quelconque raison, il ne se pardonnerait pas d'avoir laissé passer une telle occasion. Son âme d'artiste en serait morte ! Et son côté dramatique ne s'en serait pas remis. Ce jour là il errait dans la foule, comme à son habitude, le nez en l'air pour tenter d'apercevoir celle qui le fascinait tant. Un éclat sombre dans le ciel attira son attention. Elle était là. Vite, avant de la perdre de vue, il sortit un ouvrage de sa sacoche et se mit à en parcourir les pages, tout en levant fréquemment la tête pour l'observer. Comme il le pensait, ce n'était pas un rapace originaire de Bordeciel. Il soupçonnait la belle princesse aviaire d'être originaire de Haute-Roche. C'était logique car elle correspondait à plusieurs races d'oiseau de là-bas et la c'était une région frontalière de la Crevasse. Peut-être était elle venu avec un voyageur bréton ? Les hypothèses abondaient. Il s'attendait à ce qu'elle disparaisse comme à son habitude, pourtant, cette fois, elle agissait différemment. Il fronça légèrement le nez, intrigué. Elle semblait voler plus lentement, comme si elle prenait son temps. Il se mit à la suivre depuis le sol, répétant le même manège habituel, s'attendant à être déçu au bout du compte comme à chaque fois. Porté par l'espoir, il commença tout de même à sortir un parchemin et un bâton de fusain de son sac. Ce serait le comble si l'occasion de la croquer se présentait et qu'il n'était pas prêt ! L'aigle se posa sur une branche basse d'un arbre qui poussait laborieusement contre un rocher. Elle était pratiquement à hauteur de visage et semblait très calme. Elle n'avait visiblement pas l'intention de bouger. Elle était installée un peu à l'écart de la foule, à l'ombre des pierres millénaires. Bertil s'approcha le plus doucement que ses très faibles capacités de discrétion lui permettait, et commença à dessiner tout en marchant. D'un geste assuré, il traça la forme de sa silhouette, puis le contour des ailes, le bec... Un sourire guilleret s'étendait sur ses lèvres tandis qu'elle prenait forme petit à petit sur son parchemin. Il était dans un tel état de concentration qu'il ne se rendit absolument pas compte qu'on l'observait.
Arawn Valtieri
Chef des Voleurs
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Sujet: Re: Bird song (Feat. Arawn Valtieri) Dim 1 Avr - 15:41
Bertil
Assistant mage
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Sujet: Re: Bird song (Feat. Arawn Valtieri) Mar 3 Avr - 14:27
Il avait suffit qu’il la quitte des yeux un instant, le temps de rectifier une ligne de son dessin qu’il jugeait trop inexacte, pour qu’elle se retrouve juste devant lui quand il releva la tête. Surpris, il amorça un mouvement de recul, son amour des oiseaux ne l’empêchant pas d’avoir peur d’un coup de bec acéré, mais avant qu’il ait pu se mettre hors de portée, les serres de l’oiseaux se refermèrent sur le parchemin qu’il tenait dans ses mains. Il écarquilla les yeux, et dans un réflexe irréfléchi, tenta de le récupérer. Son bras de fer avec un volatil, ce qui dit comme ça paraissait totalement ridicule, ce termina vite. En sa défaveur. La majestueuse, merveilleuse, magnifique créature aérienne déploya ses ailes dans une attitude d’intimidation très efficace. Le jeune homme laissa s’échapper le parchemin où se trouvait son œuvre et aussitôt l’oiseau s’envola.
« Aaah mais reviens ! » s’exclama-t-il alors qu’il se lançait à sa poursuite, les bras pleins de fusain.
Mettant volontairement de côté le fait que cet oiseau ne le respectait absolument pas, il continua de lui courir après, bousculant quelques badauds qui se trouvaient sur sa trajectoire, en espérant au moins récupérer un bout de parchemin encore intact. L’aigle fit quelques mètres avant de se poser sur un bras amical qui se présentait à elle, et Bertil manqua de percuter de plein fouet le propriétaire dudit bras. Il releva la tête et cligna des yeux. L’homme qui se tenait devant lui était...Sombre ? L’âme poétesse de Bertil n’avait guère que ce qualificatif en tête pour le décrire. Une ombre à forme humaine, au regard de fantôme. Bien qu’il soit habillé d’une cape qui le recouvrait en grande partie, on pouvait deviner l’armure de cuir qu’il portait en dessous. Outre ses cheveux mis-longs détachés librement qui lui donnait des airs de baroudeurs, ce sont ses yeux qui captivaient Bertil. Ils étaient trop clairs, trop opalescents. Comme deux coups de pinceaux fulgurant sur une toile trop morne. Bien que l’assistant sorcier ne soit guère un fin psychologue, il ne se souciait pas assez des états d’âme d’autrui pour ça, il était sur d’une chose : Cet homme avait quelque chose de dangereux en lui. Alors qu’il l’observait, une image s’imposa à lui : les flots qui noircissent au fur et à mesure qu’on s’éloigne du rivage. Les abysses trop obscures pour qu’on puisse voir ce qu’il s’y trame. Un homme tout en sobriété qui n'avait guère besoin d'artifice pour être intimidant. Tout le contraire de Bertil...Le jeune magicien en herbe était plutôt du genre fragile et frêle, bien habillé mais pas bien qu'incapable d'impressionner qui que ce soit, du moins physiquement. Pour sortir, il avait troqué ses vêtements de qualité contre des habits chauds et confortables de piètre facture mais tout à fait convenable pour l'usage qu'il en faisait. Il n'était pas narcissique au point de se croire immunisé contre les voleurs ou les agresseurs. Les seuls objets de valeur qu'il avait sur lui étaient son amulette de Kynareth et son pendentif à l'effigie de Julianos, qu'il avait bien caché sous les couches de tissus. Un claquement de bec le tira de ses pensées. Le volatil picorait dans la paume de l’inconnu, beaucoup plus sage que quelques minutes auparavant. Oubliant totalement ses étranges impressions à propos de ce mystérieux messire, Bertil reporta sa pleine attention sur la cible de sa fascination.
«Elle est avec vous ? » demanda abruptement Bertil sans même prendre la peine de se présenter ou de saluer son interlocuteur. « Enfin, ‘elle’, j’ai supposé qu’il s’agissait d’une femelle mais je n’avais guère de certitude. Comment s'appelle-t-elle ?» Maintenant qu’il pouvait l’observer de plus près, au calme, sans qu’elle n’essaye de l’intimider, il remarquait des détails qui lui avaient échappés jusqu’à lors. Il la couvait d’un regard passionné et plein d’amour, avec un sourire idiot qui rappelait celui d’un enfant. Pour autant, il ne s'approchait pas d'elle et de son compagnon, comme si il avait peur qu'elle ne disparaisse encore. Tandis qu'il l'observait, ses doigts bougeaient tout seul, au rythme de ses mots. Ils traçaient dans les airs les lignes d'un futur dessin.
«Hmmm, je dirais que c’est un aigle orné, c’est ça ? Cette espèce d’oiseau n’est pas présente en Bordeciel, c’est pour ça qu’elle a attiré mon attention. Où l’avez vous acheté ? A moins que vous ne l’ayez trouvé ? Elle est dressée ? Quel âge a-t-elle ? En tout cas, elle est absolument magnifique. Pas commode, mais magnifique. »
N'y tenant plus, mais sans interrompre ses bavardages obsessionnels, il sortit une nouvelle feuille et esquissa un énième croquis. Cette fois, il se concentra exclusivement sur la tête de l'oiseau. Il traça la forme de son profil, son bec, sa couronne de plumes, puis son oeil, avant de rapidement s'attaquer aux détails.
«Vous avez d'autres oiseaux ? Vous l'avez depuis longtemps ? J'ai lu que les aigles ornés vivaient plutôt dans les régions chaudes et humides, elle s'est bien adaptée à la vie ici ?»
Ses jacasseries s'interrompirent quelques secondes, le temps qu'il ôte un de ses gants. Faisant fi de la température terriblement basse, il utilisa son indexe pour dégrader le fusain et donner du relief à ce plumage artificiel.
« Absolument magnifique...»murmura-t-il en regardant Ciri.
HRP:
Desolé de ne pas avoir fait plus, et d'avoir prit autant de temps, mais toi-même tu sais les cartons
Arawn Valtieri
Chef des Voleurs
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Sujet: Re: Bird song (Feat. Arawn Valtieri) Mer 4 Avr - 18:02
Bertil
Assistant mage
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Sujet: Re: Bird song (Feat. Arawn Valtieri) Ven 6 Avr - 19:40
Bertil venait de se rappeler précisément pourquoi il n’aimait pas les pauvres. Tout d’abord, lorsque l’homme écrasa son dessin de ses doigts indélicat, le coeur du jeune nordique manqua un battement. Son œuvre. Ce dessin magnifique. Cette preuve immortelle de la beauté de Ciri. Gâchée par la négligence criminelle d’un gauche badaud. Il était dégouté. Il lâcha même un petit bruit aiguë et épouvanté d’une virilité discutable en contemplant la catastrophe. Retenant difficilement une série d’insulte imagées, car il avait un minimum de savoir vivre et d’éducation, et de prudence, il osa regarder l’étendu des dégâts. De la tête de Ciri restait une vague tache grisâtre aux contours flous. Le jeune assistant reporta son regard sur le clochard, puisque c’est ainsi qu’il allait le nommer car il ne méritait guère mieux, et laissa échapper un soupire d’exaspération. Et quand celui-ci réclama….
...25 Septims ? Bertil était outré. Seulement 25 septims, mais quel genre de rustre pouvait ainsi...prostituer une beauté céleste comme Ciri, et pour un prix aussi dérisoire ??
C’est ce que s’apprêtait à répliquer vertement, avant que la petite voix dans sa tête lui indique de se taire.
Fermes la. Juste fermes là. Il va essayer de t’entuber encore plus, alors pour une fois, ferme la. Si tu la fermait un peu plus souvent, tu ne serais pas dans cette situation. Espèce d’abrutis .
Désireux d’ignorer ces injonctions mentales qui hantaient ses pensées, il se concentra sur le clochard. Une étrange impression le traversa soudainement. Comme si...il l’avait déjà vue ? Oui, maintenant qu’il le regardait de plus prêt, il avait le sentiment que ce visage ne lui était pas étranger, mais en même temps, terriblement il lui paraissait terriblement lointain. Fouillant sa mémoire, il en oubliait totalement la situation dans laquelle il était, et son interlocuteur qui continuait de parler. Mais où l’avait il vu ? A Markarth ? Ou durant ses pérégrinations en Cyrodiil ?
Réfléchis un peu. C’est pas comme si tu avais beaucoup d’ami. Oh attend, c’est vrai. Tu n’en as pas. A part Maître Ysciele, mais c’est différent. Il a pitié de toi. Quand à ce pauvre homme, il doit probablement être une des nombreuses personnes que tu as rencontré et qui te méprise.
Il était vrai que le nordique avait la fâcheuse tendance à agacer son entourage. C’était un talent naturel chez lui, mais il était pratiquement sur que ce n’était pas ça. Non pas qu’il se souvienne toujours du visage des gens qu’il croisait…
Ou alors, autre explication, c’est encore un de ces types qui a finit dans ton lit, parce que tu es juste une pauvre tache qui couche avec tellement de monde que tu n’arrives même plus à t’en rappeler. Tu m’étonne qu’il veuille se faire payer ! En même temps t’es vraiment une sal-…
« Alors ? »
Bertil cligna des yeux, et se rappelle soudainement de quoi ils parlaient. Ah oui. Les Septims. Il lui répondrait bien d’aller se faire voir, mais un rapide coup d’oeil à la stature de l’homme, beaucoup plus impressionnante que la sienne, le pousse, une fois encore, à tenir sa langue. En effet, il a la somme demandée sur lui. A la base, il était sortit acheter de quoi cuisiner. Et il était aussi passer voir les caravanes Khajiit à l’entrée de la ville et était repartit avec une fiole de skooma, avant de voir passer l’aiglonne et de se lancer à sa poursuite. Bertil n’avait pas trop peur de se balader avec de la drogue sur lui. Déjà, il était sur qu’il n’allait pas se faire fouiller par les garde car il n’était ni argonien, ni Rougegarde et tout à fait propre (c’était tout à fait injuste, mais ça l’arrangeait bien). Et même si c’était le cas, il n’avait qu’à prétendre qu’il s’agissait d’ingrédients indispensables aux expériences du mage de la cours. Que pourraient ils répondre à ça ? En tout cas, une chose était sur. Il n’allait certainement pas donner le moindre sous à ce clochard aux cheveux gras.
«Et bien je suis navré mon brave, mais je n’ai pas 25 septims à dépenser. Que voulez vous. C’est ça la vie d’artiste. »répliqua-t-il sans sourciller.
Il récupéra ses affaires et ses dessins gâchés qu’il glissa dans sa sacoche sans attendre la réponse de l’autre. De plus, il était bientôt l’heure pour lui de rentrer travailler, car non, il n’occupait pas seulement ses journées à poursuivre des oiseaux qui n’avaient rien demander, il faisait des choses importantes parfois. Parfois. Et puis Ciri s’était envolé loin de lui, aussi il n’avait plus aucune raison de rester.
« Tentez votre chance chez les prêtres de Mara si vous voulez la charité. Je crains qu’ à part les composants nécessaires à la création d’une potion anti-calvitie, je ne puisse rien vous donner.»
Alors qu’il rangeait son matériel de dessin, il crût apercevoir Ciri qui revenait. Ah non, c’était un pigeon. Déconcentré, il ne fit pas attention à son sac qui se penchait...et il échappa des mains. Tout son contenu s’étala sur les pavés de pierre, et Bertil lâcha un juron. Il se pencha pour récupérer ses encres, ses parchemins, ses fioles, son skooma...et sa bourse qui était loin d’être vide.
T’es vraiment le dernier des blaireaux quand même, susurrait la petite voix dans sa tête, ce singe qui rongeait sa nuque constamment.
En espérant que si il y croyait très fort, l’homme en face ne remarquerait rien, il commença a ranger ses affaires.
Arawn Valtieri
Chef des Voleurs
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Sujet: Re: Bird song (Feat. Arawn Valtieri) Dim 22 Avr - 14:27
Bertil
Assistant mage
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Sujet: Re: Bird song (Feat. Arawn Valtieri) Mer 25 Avr - 22:35
C’était bien sa journée. Dire qu’à peine un quart d’heure auparavant, il débordait de joie et d’allégresse, à présent il se sentait piégé dans une situation ridicule dont il ne parvenait pas à s’extirper. Après avoir mit un genoux à terre, Bertil entreprit de ramasser ses affaires éparpillées par sa maladresse légendaire. Il essayait de paraître le plus naturel possible, une précaution justifiée par le contenu quelque peu illégal de la fiole qui avait roulé loin de lui, aux pieds de l’étrange personnage qui lui causait bien des tracas. Malgré un début de panique intérieure qui menaçait d’éclater, il ne se précipita et tentait, autant que possible, de rendre chacun de ses gestes le plus naturel possible. Après tout, cet étranger n’avait aucune raison de penser que le flacon accueillait en son sein une drogue exotique dont l’usage était criminel dans une grande partie de Tamriel...à moins bien sur qu’il ne soit lui aussi familier des transactions sous le manteau avec les caravanes Khaajits, mais ça, vraiment, ça aurait été pas de chance...pas vrai ? Tout les espoirs de Bertil furent anéanti quand l’homme récupéra d’un geste sur l’objet de ses désirs et de ses craintes.
« Un artiste-alchimiste-mythomane…et drogué. » déclara l’homme avec une pointe de moquerie qui n’échappa à Bertil.
Son coeur rata un battement. Les choses se compliquaient davantage. Se hâtant de rassembler ses affaires, qu’il fourra sans délicatesse aucune dans son sac de cuir, il se releva rapidement et se racla la gorge, plus intimidé par la tournure des évènements qu’il n’aurait voulu le laisser paraître. Il doutait fortement que son interlocuteur soit du genre à le dénoncer à la garde. Il avait plutôt l’air d’être le genre de personne qui l’évite autant que possible et qui a une récompense sur sa tête...(L’imagination fertile du jeune apprenti commençait déjà à galoper, peut-être qu’il n’y avait aucune récompense parce qu’il n’y avait plus aucun témoin ?) Mais dans tout les cas, être surprit avec du skooma était loin d’être une bonne nouvelle pour lui. Malgré son poste subalterne ( Stonekeeper ne cessait d’écorcher son nom les rares fois où ils se rencontraient, aussi il avait finit par se faire une raison) il était tout de même au service du mage de la cour, et par extension, au service du Jarl. Pour avoir beaucoup côtoyé le gratin de la Cyrodiil et de Bordeciel, il savait que les hautes couches de la société comptaient plus de débauchés qu’elles ne le laissaient paraître. Il était loin d’être le plus mal loti de la cour. On n’avait qu’à tendre l’oreille un tant soit peu pour apprendre les penchants sexuels honteux de tel comte ou les habitudes dépravées de la baronne de machin...Mais le principe des rumeurs, c’est qu’elles étaient justement des rumeurs. Mais il suffisait d’être prit la main dans le sac pour détruire une réputation, et même si Bertil n’était pas le plus apprécié des mondains il ne tenait pas à être connu comme étant le « drogué » du palais. De plus, il n’était pas le seul concerné par cette histoire. Que dirait son maître tant respecté s’il venait à apprendre que son élève et, surtout, assistant, s’adonnait aux plaisirs des paradis artificiels ? D’autant que tout ceci risquait de prendre des proportions catastrophiques si cela atteignait ses oreilles. Après tout, il n’était pas un drogué à proprement parler, pas comme ces pauvres gens qui éraient dans les bas fond de la citée, ou près des caravanes, réclamant par des gémissements pitoyables leur dose quotidienne, leur corps amaigries traversés par les terribles douleurs du manque. Ces pâles figures aux yeux hallucinés, dont Bertil ne parvenait pas à soutenir le regard quand il les croisait, car ces pupilles rougeâtres semblaient le noyer dans le désespoir qui en échappait. Non, Bertil n’était pas comme eux. Il avait le contrôle sur sa consommation, qui n’était que ponctuelle. Déjà, ce n’était pas de sa faute s’il souffrait d’insomnie et de douleurs chroniques qui ne trouvaient aucun réconfort dans les simples calmants prescrit par les guérisseurs habituels. Il avait bien fallu trouver une solution, sinon il serait devenu fou. Ensuite, la prise de drogue n’avait jamais entravé ses capacités intellectuelles et il ne comptait pas arrêter tant que ce ne serait pas le cas. Pourquoi se priver de quelque chose qui lui améliorait sensiblement l’existence ? Que de bons prétextes. Il gardait les yeux rivés sur la fiole. Elle lui avait couté cher, et ne tenait pas à la voir disparaître comme ça, d’autant que ses articulations le faisaient insidieusement souffrir ces derniers temps. D’un autre côté, il avait le sentiment qu’il n’arriverait pas à se débarrasser de ce clochard facilement...
« J’aime pas les menteurs. »
Malgré le ton monocorde du sang-mêlé, Bertil ne pu s’empêcher de craindre une menace voilée. Il exécrait les confrontations avec autrui, ou plutôt, il n’aimait pas se confronter à quelqu’un qui avait l’air menaçant. Et cet homme, malgré son comportement qui n’avait jusque là pas trahit la moindre violence, était indubitablement dangereux. Bertil en était certain. Bien que nerveux, il ne chercha pas à fuir ces yeux gris qui l’observaient. Ces yeux qui avaient la couleur de l’orage, songea-t-il dans un élan de poésie. Non, il ne détourna pas les yeux, mais ce garda bien de répondre. De toutes façons, qu’aurait il pu répliquer ?
« Mais… »
Il haussa un sourcil. Quoi encore ?
« Tu serais pas le larbin d’Ysciele? » Ses yeux s’écarquillèrent sous le coup de l’émotion. Il était absolument cho-qué. L’indignation chassa d’un revers de la main toute forme de nervosité ou d’inquiétude.
« Je ne vous permet pas ! Je ne suis pas un larbin, j’ai un poste à hautes responsabilités qui demande beaucoup d’investissement personnel, du sang froid face à des situations de crise, de la dextérité dans bien des domaines et... » il s’arrêta de lui-même, se rappelant que son travail consistait avant tout à empêcher son maître de mourir de déshydratation. Ce qui, il en convenait, n’était guère à la hauteur de ses attentes et de ses rêves les plus grandioses. « Admettons. C’est moi. » Malgré tout le respect, et même l’affection, qu’il portait à son mentor, Bertil devait bien avouer qu’une part de lui se sentait lésé par son manque flagrant de pédagogie. Il connaissait la réputation d’original, pour ne pas dire d’illuminé, que trainait Wyn, mais tout de même...il n’avait pas eu un seul cours de magie digne de ce nom depuis qu’il était arrivé. Certes, certes, sa fonction de mage de la cour occupait une grande partie de sa journée mais tout de même...Bertil était venu pour apprendre la pratique, qui lui faisait tant défaut et il se retrouvait aux cuisines. Tout n’était pas à jeter néanmoins. Son niveau en alchimie s’était drastiquement amélioré depuis qu’il secondait Wyn dans ses expériences exubérantes et sa culture générale, pourtant déjà bien fournie, avait gagné en profondeur grâce à son immense bibliothèque. Et surtout SURTOUT, il n’avait plus à partager sa chambre avec d’autres apprentis. Et ça, c'était une belle avancée.
« Bre…nil…vil?…attends… »
Le jeune homme leva les yeux au ciel et passa une main dans ses boucles sombres, un geste qui traduisait généralement son agacement, mais aussi son stress, ou un subtil mélange des deux comme dans le cas présent. Ce n'était tout de même pas un prénom si compliqué à retenir ! Il tenait son prénom d'un oncle du côté de son père, Bertil l'Ancien comme on l'appelait... Tandis que l'autre réfléchissait pour faire revenir sa mémoire, Bertil laissa son esprit explorer la sienne un instant. Bertil l'Ancien...oui, il l'avait croisé à un repas de famille, plus d'une décennie auparavant. Le visage rougeaud et pâteux d'un homme massif à la voix tonitruante lui revint. Ah oui, cet oncle là. Le genre de sinistre arrière marié à une parente au premier degré, dont l'haleine était assez chargé d'alcool pour mettre le feu à tout un village. Qui récitait constamment des clichés sur la géopolitique alors qu'il n'avait jamais dépassé la limite de son champ de laboure et qui croyait tout connaître des subtilités du monde. Crachant sur les autres cultures tandis qu'il laissait son oeil grivois se perdre sur les formes à peine naissante de ses jeunes nièces et cousines... Qu'était il devenu déjà ? Ah oui. Noyé dans une fosse à purin après avoir glissé dans la boue et s'être assommé sur une poutre, complètement ivre. Oh que Bertil détestait sa famille...
« Ber...til ? »
Ah. Enfin!Bertil prit le temps d'avoir l'air agacé, jeta un coup d'oeil à sa manucure, parfaite comme d'habitude, et releva les yeux vers lui en hochant la tête dans un mouvement d'acquiescement légèrement blasé.
« Oui, c'est moi. Et vous ? Vous êtes ? » demanda-t-il un sourcil levé. Il inclina la tête sur le côté, soudainement très curieux. Quel genre de lien pouvait avoir cet homme louche avec son maître ? Il savait que Wyn entretenait des rapports étroits avec la Guilde des Voleurs, mais jusque-là Bertil avait toujours mis un point d'honneur à ne pas s'en mêler plus que nécessaire. Même si Wyn oubliait de se nourrir ou de dormir un jour sur deux, il était bien assez grand pour choisir ses amis et Bertil préférait ne pas trop s'impliquer dans ces histoires d'associations criminelles. « Et au fait... » Dit il en désignant la fiole. Toutes ces discussions et ses digressions mentales ne lui faisaient pas perdre le nord. « Merci de l'avoir ramassé. Je vous en suis bien grès. Pourriez-vous me la rendre maintenant ?» rajouta-t-il en tendant sa paume ouverte vers lui. Sans doute que dans cette situation, il aurait été plus prudent d'agir avec un peu moins d'insolence, il en était même certain, mais il était Bertil (le jeune) et il avait ce talent pour agir de façon irrévérencieuse, pour ne pas dire stupide quand la situation exigeait de la doigté et de la diplomatie.
Arawn Valtieri
Chef des Voleurs
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Sujet: Re: Bird song (Feat. Arawn Valtieri) Jeu 3 Mai - 22:16
Bertil
Assistant mage
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Sujet: Re: Bird song (Feat. Arawn Valtieri) Jeu 24 Mai - 12:34
Devait il être inquiet par le mutisme de son interlocuteur ? Enfin, “interlocuteur”...un terme qui impliquait une conversation entre deux individus doués de paroles, hors pour le moment Bertil avait l’impression de discuter avec un mur de pierres froides. Ce silence, qui n’augurait rien de bon, le mettait franchement mal à l’aise. Qu’est-ce-qu’il avait ce pouilleux encapuchonné à le fixer comme ça ? Il avait quelque chose sur le nez ? A cette pensée, il ne pu s’empêcher de chercher des yeux une surface réfléchissante pour examiner son reflet, mais rien dans le décors environnant ne lui permettait, si ce n’est une courageuse stalactite qui s’était formée sous l’auvent d’un commerce qui lui renvoyait l’image déformée de son visage fatigué. Quand il reporta son attention sur l’autre homme, celui-ci venait de rompre son immobilité d’un geste de la main. Main dans laquelle se trouvait la précieuse fiole de skooma, si chère aux yeux du jeune mondain... En voyant Arawn lever le bras, le mage en fût soulager. Les choses prenaient une tournure beaucoup plus facile tout d'un coup. Le soulagement qu'il éprouvait en voyant revenir vers lui sa fiole était assez inquiétant, mais il faisait tout pour ne pas y penser. Il refusait de se considérer comme ''dépendant" mais sans se l'avouer, il avait conscience qu'il n'était pas entièrement sincère avec lui même quand il prétendait être totalement maître de sa consommation. Il suivit des yeux la trajectoire du récipient...qui emprunta un tout autre chemin que celui espéré. Bertil, qui était décidément trop naïf, écarquilla les yeux. Non! Ce maraud n'allait quand-même pas...? Et bien si. Il vit avec horreur le contenu de sa fiole se vider dans la gorge de l'inconnu, à son plus grand désespoir. Son horreur aurait été à son comble s'il l'avait entièrement bu, mais heureusement, ce ne fut pas le cas. Une fois son forfait accompli, le voleur déposa d'un geste lent, plein de cynisme, la fiole à moitié rempli, dans la main meurtrie de son propriétaire. Ne semblant pas une seconde inquiet de la réaction de Bertil bafoué, il recula d'un pas tranquille, comme pour contempler son oeuvre. En même temps...que risquait il ? Pas grand chose, c'était l'évidence, au vue de la carrure de Bertil, digne d'une crevette anémique. De toutes façons, ce dernier n'était pas d'un caractère guerrier. Aventureux, peut-être, mais pas guerrier. Ce genre de comportement sauvage était bon pour les nordiques evercelé qui croyaient que la vie se résumait à se taper dessus pour montrer l'étendu de sa virilité mal placée. Bertil avait tendance à oublier qu'il était lui-même nordique... Arawn écopa d'un regard noir, qui aurait sans doute été plus impressionnant s'il n'émanait pas d'une petite teigne aux bouclettes sautillantes. Ses doigts se refermèrent sur la fiole, et Bertil ne perdit pas de temps pour la glisser dans son sac. Il retint la viscérale envie de l'insulter de tout les noms, conscient que cela ne lui apporterait rien de plus qu'une grande humiliation plus conséquente, et des ennuies dont il n'avait pas besoin. "Etouffes toi avec ton skooma, MON skooma, espèce d'escroc." songea-t-il s'i fort que l' intéressé devait probablement l'entendre en echo. Rassemblant les vestiges de sa dignité en miette, se drapant dans sa fierté comme on se vêtirait d'une soierie précieuse, il leva le nez en terre d'un air fier. "Vous êtes trop aimable." lâcha-t-il entre ses dents serrées, avant de faire demi tour d'une façon dramatique qu'on aurait dit calculée au millimètre près mais qui était juste une conséquence de sa théâtralité naturelle. Il s'éloigna à grands pas de ce drôle d'oiseau, qui n'était pas celui qu'il était venu observer en premier lieu, pestant contre la tournure des évènements, déplorant à voix très basse la perte de sa chère drogue. Dire qu'il avait cru un instant le connaître ! Quelle idée, il savait un minimum s'entourer de gens sains, compétents et respectueux ! (une qualité qui manquait grandement à son maître soit dit en passant) Ce n'était pas tout à fait vrai, après réflexion. Durant sa prime jeunesse, qui n'était pas encore achevée, il avait passé beaucoup de temps à errer en Cyrodiil, et avait parfois du composer avec la pauvreté et la misère qui le guettait mais... Il se figea et s'arrêta net dans sa course, après avoir mis une certaine distance avec la source de ses réflexion. La Cyrodiil. La Cyrodiil ! Des souvenirs affluèrent dans son esprit, incontrôlables vestiges d'une enfance et d'une adolescence tourmentées. Les odeurs du marché, le soleil qui s'étendait sur les plaines verdoyantes traversées par des caravanes marchandes..Le foule dans la Citée Impériale, les bijoux étincelants des nobles...Quelque chose venait de se réveiller en lui. Des mémoires enfouies qui revenaient à la surface. Comme si la pensée de ce va-nu-pied buveur de skooma les avait fait ressurgir. Bertil se tritura les méninges, debout au milieu de la rue, sans vraiment faire attention aux gens qu'il gênait dans leurs trajectoires. Il en était sur maintenant. Il avait déjà rencontré cet homme. Mais quand ? Comment ? Il était incapable de répondre à ces questions. Même en fouillant dans sa mémoire, il ne parvenait à extraire le moment où il avait croisé sa route...Hésitant à faire demi tour pour aller interroger la personne concernée, il tourna la tête pour regarder derrière lui. La foule qui grouillait l'empêchait de voir s'il avait quitté les lieux, et l'aigle n'était nul part dans le ciel...Renonçant à l'idée de partir à sa recherche, il reprit son chemin. Avait il vraiment envie de savoir ? Oui. Mais en avait il besoin ? Certainement pas. Si rencontre il y avait bien eu lieu, il valait mieux pour lui qu'il se tienne loin de cet individu. Il l'avait probablement rencontré dans un de ces endroits glauques au possibles où venaient s'entasser des dizaines de clochards à l'abris du froid, le genre d'endroit où il avait vécu quand il s'était retrouvé sans foyer...et c'est là aussi qu'il avait découvert le skooma. Non décidément, pour sa santé, physique comme mentale, il était préférable d'oublier cet incident et de tracer sa route. Sur cette bonne résolution, il se dirigea vers le palais de Markarth. Sa soirée allait être dédiée à l'étude et sa nuit aux plaisirs évanescents de la drogue, dont il comptait bien profiter malgré les pertes. D'ici quelques jours il aurait relégué cette singulière rencontre dans un coin de sa tête. Même s'il re-croisait Arawn quelques fois à l'avenir, par l'intermédiaire de son maître et de ses suspectes accointances avec la Guilde des Voleurs, il ne repenserait plus aux souvenirs de son enfance qui avaient ressurgit à ce moment là. Ce n'est que bien plus tard qu'il comprendrait que cette rencontre, cette conversation si l'on peut dire, allait être un moment déterminant dans son avenir. La neige se mit à tomber sur la ville de pierre, alors que Bertil pénétrait dans le laboratoire royal. Au loin, un mulot poussa un cris alors qu'un rapace affamé le piégeait dans ses serres.
HRP:
C'est pas très bien, désolé Mais j'ai trouvé la foi